Nous n'avons plus rien à faire... Il est parti.
Brazil
Trois sports : trois longues
distances. A noël, ma belle-sœur qui a été maître-nageur me racontait qu’elle
avait essayé, une fois, de faire la distance de 3,8 km dans l’eau. Beaucoup de
coureurs qui enchaînent les sorties n’ont jamais couru de marathon, et n’y
pensent d’ailleurs même pas. En sommes,
chacune des distances parcourues lors d’un IronMan est déjà une épreuve en soi
pour un sportif lambda. Le cas du marathon est significatif : combien s’étonne
déjà qu’il soit possible de courir 42 km sans s’arrêter.
L’IronMan est une forme extrême
de l’effort. Il ne s’agit pas d’un simple triathlon. Il s’agit d’accomplir
trois exploits à la suite. Enfin, je dis trois exploits mais je suis bien
conscient que si cela semble extraordinaire pour beaucoup, l’entraînement
quotidien nous apprend d’abord l’humilité.
Loin de moi l’idée de m’imaginer que les hommes de fer sont des gens
spéciaux, des gens « forts ». Chacun ses objectifs dans la vie. Et la
plupart de ceux qui sont choisis/ou non sont souvent invisibles. Le vrai
risque, c’est de tomber dans l’excès. C’est de mythifier notre rêve d’IronMan
au point d’oublier les combats du quotidien de ceux qui nous entoure. Je ne
vaux pas mieux que n’importe lequel des passants. Faire un IronMan, c’est bien
mais c’est tout.
J’écris pour penser. Je dis que
notre sport se caractérise par l’intensité de l’effort et c’est justement pour
ça qu’il peut devenir un sport « prétentieux ». Heureusement, mes
rencontres successives m’ont permis de constater que nombre de triathlètes font
partie des meilleurs des hommes, de bienveillants. D’autres se sont laissé
aller… Et ces quelques personnes font parfois mal, sans s’en rendre compte
peut-être. Leur suffisance aurait de quoi décourager les débutants, sans le
soutien plein d’entrain des athlètes qui nous poussent à aller de l’avant.
Il serait trop idiot de me le
cacher : courir un Ironman est une aventure humaine, certes, mais aussi un
moment de narcissisme. Combien de temps passé à alimenter ce blog ?
Combien d’heures à analyser mes propres entrainements ? Combien de discussions
autour du sport avec ma copine qui subit cette passion de plein fouet ? La
préparation de la course nécessite presque obligatoirement de se concentrer sur
soi. Et le fait que les trois sports pratiqués se pratiquent individuellement n’est
pas là pour arranger les choses ! S’engager dans une telle épreuve, c’est
réussir à se connaître. Et cela est tellement exaltant qu’on a envie de le
partager avec tout le monde. Lorsqu’on rentre d’une course réussie, on a le
sourire aux lèvres pendant deux heures, on crie « Yes » en se prenant
notre douche. Bref, on devient à moitié fou ! Fou dans le bon sens du
terme, mais fou quand même !
Une journée Ironman, c’est non
seulement 2 heures d’entraînement mais c’est aussi 2 heures de plus à y réfléchir.
En tout cas, c’est l’effet qu’à ce rêve sur le débutant que je suis.
Heureusement, dans tout ça, mes proches me font passer de si bons moments où je
lâche prise. Totalement. C’est pourquoi ce matin, j’avais envie de ne rien
faire pendant 3 jours. Profiter de ma belle femme et ne pas me fatiguer sinon à
faire la cuisine pour des amis. Et pourtant, ma journée a connu 2h30 d’entraînement.
Pourquoi ? Parce que la journée avançant, je me suis souvenu que l’entraînement
était avant tout un plaisir. Pas un effort. Un plaisir.